C'était en Normandie, non loin du Mont Saint-Michel. Le temps était grave, lourd, humide et imprévisible, la marée retirée faisait place au sable et aux eaux en retard. Impromptu de la lumière, le soleil traversaient parfois ce gris en laissant apparaitre mille reflets et milles nuances de couleurs sur le parterre. Paysage mouvant tel une peinture en évolution. Je ne lassais pas tellement que le paysage se redessinait à chaque changement de luminosité… Apres plusieurs heures, je rangea mon matériel jusqu’à qu’une famille arrive et qu’une enfant court sur la pointe rocheuse en contrebas. Elle n’y resta pas mais j’ai eu tout juste le temps de fixer cette vue ; l’enfant, cheveux au vent fixant la ligne d’horizon marquée par le Mont Saint-Michel. C’est La photo qui m’émeut et qui raconte en une image un instant magique issue d’une rencontre…
La collection de paysages maritime est complétée par les trois traversées de la baie du Mont Saint-Michel, superbe au couchant et dont la fine épaisseur d’eau offre très souvent un miroir unique. Moi, qui d’ordinaire, n’approuve guère les photographies de coucher de soleil, me révisa ! Je ne sais si la photographie sert l’émotion du moment mais la magie était encore bien là ! Une traversée à ne manquer sous aucun prétexte entre Le Groin et l’ile de Tombelaine ou cet ilot et l’abbaye. Le parcours se prolongea dans la lumière du Cotentin, avec un bel orage vue du phare de Gatteville, un brouillard vers Etretat… Ainsi, les vues d’horizon sont au rendez-vous, surtout en rajoutant celles de Torreira, un petit village portugais où la lumière matinal en contre-jour livre le paysage telle une estampe. Là aussi, tout juste le temps de prendre l’appareil pour fixer ce pécheur passant avec sa barque.
L’idée du montage ne m’est venu que plus tard. Je voulais depuis longtemps exposer cette enfant aux cheveux aux vent… A regarder, je revis ces photographies comme des peintures. Alors, pourquoi ne pas les rassembler ? par couleur, par forme et textures en ponctuant délicatement le rythme par la présence humaine, si fragile dans ces paysages aux contours infinis.
Pour la bande sonore, j’ai écouté de nombreuses musiques contemporaines entre Satie, Varèze et nombreux pianistes dont Cascadeur. Je souhaitais un seul morceau, unique pour exprimer la pureté, mais dotée de nombreux changements pour rythmer le montage. J’en suis retourné sur une des créations d’Ehma, un brin nostalgique, mélodieuse et dont chaque phrase musicale semble être un coup de pinceau.
------------------------------------------ Texte et photographies © Vincent Martin (photomavi.com)
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