Récit photographique

 Au cœur de l'acte photographique...

 

 

 

 

 

Des moustiques à la providence

Juin 2005 - Réflex, 6 bagues allonges, trépied, flash, télécommande, 100mm - f/9.5, 1/125s, 200iso

 

Voilà ce qui arrive quand on veut faire un montage diaporama sur la vie du moustique ! Il y a le défi de photographier chaque stade de développement de ce petit insecte... y compris le premier, les œufs. Tout d'abord, il faut s'en procurer ! À ma grande surprise, cela a été le plus simple ! La recette ? Se laisser piquer (et se retenir de tuer l'agresseur !) et enfermer la petite bête gorgée de sang dans un bocal avec un peu d'eau. 4 jours plus tard, un infime point noir flotte sur l'eau, un nid d'œufs... minuscule !

 

Je prends quelques repères avec l'objectif macro mais je me rends vite compte que le rapport 1:1 est insuffisant. Je rajoute alors 3 bagues-allonges (65mm) avec un résultat identique, mais je ne recule pas devant mon objectif. Le lendemain, je m'empresse d'aller à la rencontre du gérant de mon magasin photo pour lui demander une faveur, me prêter un jeu de bagues-allonges. Yes ! Le soir même, je connecte cette fois 6 bagues-allonges sur l'objectif macro et installe l'appareil sur trépied. De l'autre côté, je place le nid d'œufs dans une coupelle remplie d'un peu d'eau et procède au cadrage mais il s’avère impossible ! La lumière est trop faible au travers du tirage (133mm + objectif) et le sujet est tellement petit que je peine à le trouver. Je rajoute une forte lumière à côté afin de percevoir le sujet en life view. Ne pouvant bouger l'appareil que modérément (il faudrait posséder une crémaillère et un chariot micrométrique), je préfère déplacer la coupelle. Je mets plus de 10 minutes à régler le trépied, la position de la coupelle et à commencer à apprécier le sujet dans le cadrage ! Yes ! Je fais la mise au point, ferme le diaphragme pour gagner en profondeur de champ et déclenche l'appareil avec le flash déporté en direction du nid d'œufs. Le flash se décharge totalement et à ma grande surprise l'image est sous-exposée à 100 iso comme si le flash ne pouvait apporter suffisamment de lumière. J'approche alors le flash à moins de 15 cm, monte la sensibilité à 200 iso pour garder la dynamique du capteur, ouvre le diaphragme à f/14 et refais une image. Cette fois, l'exposition est presque satisfaisante mais les couleurs sont tristes. Ainsi, j'échange la coupelle pour un fond de couvercle blanc qui en plus reflète la lumière. Yes !

 

Les photos sont relativement bien exposées mais quand j'observe les images en détail, grosse déception ! Elles n'ont aucun piqué. Pourquoi ? Le sujet bouge ? Le tirage est trop long et la diffraction trop importante ? La profondeur de champ trop petite ? Il est vrai que la mise au point reste difficile. Le nid semble se déplacer à la surface de l'eau. Ainsi, je tente de caler ce micro-sujet en ajoutant des algues mais celles-ci tombent au fond et ne bloquent en rien le radeau. Néanmoins, ce procédé offre une belle couleur de décor plus proche de ce que l'on pourrait trouver dans la nature. Côté diaphragme, je suis dans le paradoxe de choisir entre une grande profondeur de champ et de la diffraction ou une profondeur de champ réduite inexploitable. J'opte alors pour la valeur optimale du fabricant en choisissant un diaphragme entre f/8-f/11. Mais le gain n'est pas flagrant. Je prends du temps, me pose des questions et regarde ce nid dont l'image se fait désirer, jusqu'au moment où je m'aperçois que le nid "vibre". Le lit d'eau rentre en résonnance avec des vibrations. Je décide alors de transférer toute l'installation par terre afin de m'affranchir de cette résonnance. Yes ! Je prends encore beaucoup de temps pour cadrer au 1/4 de mm et faire la mise au point. C'est ainsi que j'ai obtenu les meilleures photographies, ici présentées plein cadre, sans recadrage !

 

 

 

 

 


 

 

 

La vie du moustique

Le moustique est une petite bête que l'on ne connaît pas trop et pourtant c’est une petite bête avec plein d'intérêt, notamment au niveau de sa biologie et de ses multiples transformations. De par sa taille, le moustique peut aisément se confondre avec d'autres diptères ; les chironomes (larves de vers de vase tant prisés des pêcheurs) portent des plumeaux caractéristiques et ne piquent pas, les simulis, de petits diptères dont les larves aquatiques ne manquent pas de nous piquer, sans oublier le tipule dont la larve est terrestre et l'adulte possède l'allure d'un moustique beaucoup plus gros, ce qui évite toute confusion. Également, le moustique mâle se distingue aisément de la femelle par les pièces buccales. Le mâle présente une longue trompe et ne pique aucunement et reste ainsi à l'abri des regards, le plus souvent dans les branchages, d'où la difficulté de l'apercevoir.
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Seule la femelle moustique pique et à un moment bien précis. Elle pique pour prélever un peu de sang (5 mg tout au plus) et plus précisément pour obtenir les protéines qui sont nécessaires au bon développement des œufs qu'elle porte en elle. Elle pique ainsi les hommes et les animaux à sang chaud. C'est à ce moment-là que l'insecte va pouvoir transmettre des maladies chez l'homme tout comme chez les chevaux. Les larves sont aquatiques. Ainsi, ces insectes évoluent dans les zones humides propices à leur développement ; lac, étang, mare et même flaque d'eau ou seaux délaissés dans un jardin... Ces terrains sont propices à la nidification des œufs de moustiques.

C'est après 4 j de maturation que les œufs vont voir le jour. La femelle pond à la surface en laissant, selon les espèces, des œufs isolés ou des nids formés d'une centaine d'œufs. Les œufs ont pour le plus souvent une petite bulle d'air permettant de les maintenir en surface et dans le bon sens, quelles que soient les intempéries. Pro-larves, larves, nymphes sont les différents stades de la vie aquatique du moustique. De 0.5mm à 3mm, la larve grandit avant de devenir une nymphe incapable de s'alimenter, tout en attendant le moment propice pour l'éclosion. À peine sorti de l'eau, l'adulte flotte, déplie les ailes, les fait sécher un temps et prend son envol...

Quel que soit le stade d’évolution, les prédateurs sont nombreux ; larves carnivores des dytiques, poissons, etc... Au stade aérien, grenouilles, oiseaux, araignées sauront tirer leur repas. Sans oublier l'homme qui par choix ou par son activité détruit des milieux propices à la reproduction par une lutte chimique acharnée pour satisfaire le tourisme dans certaines régions.

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Moustique mâle avec sa trompe

 

Moustique femelle en train de piquer

 

 

Larve de moustique et nymphes

Eclosion d'un moustique

 

 

Larve de dytique, prédateur du moustique

 

Têtard, prédateur du moustique...

 

 

 

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Texte et photographies : © Vincent Martin (photomavi.com)

Source : Le moustique aïe ! Ca pique, Patte à patte, Edition Milan (2015)