Les procédés à noircissement direct La pratique du tirage artisanal (cyanotypie, Van Dyke, papier salé/albuminé...) - Stage/Démo/Conférence/Workshop - Performance
J'exploite ces procédés artisanaux pour des projets pédagogiques et pour créer l'évènement en invitant le public à rentrer dans l'image lors de performances collectives. La pratique de la cyanotypie et des procédés à noircissement direct est un excellent moyen pour aborder le tirage artisanal, reconquérir des gestes et un savoir-faire historique. Peut être organisé sur demande stage, démonstration, conférence et performance.
Les papiers à noircissement direct appelé PND ou encore POP (Print Out-Paper) sont des papiers photosensibles qui, une fois exposés à la lumière offrent des images visibles sans recours à un révélateur. Ces procédés ont offerts les premiers tirages papier de l'histoire. Dans la première moitié du XXe, des papiers (PND) commercialisés bien souvent sous le nom de papier citrate ont connu un succès incroyable. Bons nombre de nos grands-parents les ont utilisés pour tirer les négatifs issus de foldings bon marché. Evoquons le tirage solaire et surement des souvenirs seront remémorés. Le tirage solaire date des premiers tirages photographiques de l'histoire puisque les premiers tireurs qui pratiquaient le papier salé procédaient ainsi. Ils plaçaient le négatif et le papier en sandwich dans un châssis presse et exposaient le tout au soleil durant plusieurs minutes pour voir, petit à petit, l'image apparaître. Les châssis presses ont été spécialement inventés pour le tirage des papiers à noircissement direct. Ils permettent de tenir en contact le négatif et le papier et d'obtenir une image nette sur toute sa surface. De plus, sa particularité liée au dos composé de deux moitiés tenues par une charnière permet l'ouverture du châssis, afin d'observer et de juger l'avancée du tirage sans déplacer le contact négatif/image.
Aujourd'hui encore, Kentemere et Bergger et quelques sociétés outre atlantiques en produisent sur commande. La dénomination est venue peu après la commercialisation des papiers utilisant de la gélatine comme liant. Il faut reconnaitre que les papiers à noircissement direct, largement employés il y a un siècle offrent des tirages souffrant pour le plus souvent d'une bonne tenue dans le temps. Nombreux tirages d'époque sont aujourd'hui jaunies, affaiblis avec peu de contraste. Pour le contemporain et avec une bonne qualité des matières employées et une bonne technique, les PND élargissent les possibilités du créateur en servant l'incroyable créativité de l'artiste. De nombreux projets artistiques, font appel aujourd'hui à ces procédés d'un autre âge pour assouvir un nouveau regard et une démarche bien différente d'hier. Repartir à la conquête de la création photographique en maitrisant les préparations, les supports, les modes de dépôt de solution photosensibles permettent de combiner de nombreux procédés, supports et pourquoi, comme nous le verrons, de créer des tirages sur tissu, ou d'autres supports....
Des formulations et des procédés De nombreuses formules chimiques tant historiques que contemporaines produisent des papiers à noircissement direct, comme la cyanotypie, le papier salé, le papier albuminé, l'argyrotypie, la kallitypie ou encore le procédé Van Dyke et tant d'autres. Ainsi, à chaque couple papier/formules, nous pouvons obtenir des teintes et des nuances particulières. Quelque soit le procédé utilisé, la procédure de tirage est souvent très semblable.
La solution cyanotype est un mélange de couleur jaune d'une solution aqueuse de citrate de fer ammoniacal (10g/50ml) et d'une solution de ferricyanure de potassium (4g/50ml). Le mélange réagit naturellement à la lumière pour former un joli complexe bleu de ferrocyanure de fer, appelé bleu de Prusse. Ce dernier étant insoluble à l'eau, contrairement au mélange initial, il suffit d’un simple lavage à l’eau pour en fixer une image. N’étant sensible qu'aux ultraviolets, ce procédé est réservé exclusivement au tirage-contact. Il ne peut convenir à la prise de vue au travers d'un appareil photo ou à un tirage au travers d'un agrandisseur, car les optiques absorbent ces radiations. Ainsi, pour obtenir un tirage cyanotype de 13x18cm, il est nécessaire de recourir à un négatif de même dimension.
Espace de travail et matériel Le fait que les papiers à noircissement direct ne soient sensible qu'aux UV apporte un avantage : s'affranchir de la chambre noire ! Nous allons pouvoir opérer en lumière artificielle dans un local dont nous fermerons tout simplement les volets pour nous prémunir de la lumière solaire. Ce local doit pouvoir accueillir un coin sec avec une table ou un bureau pour la préparation des papiers et un coin humide avec un évier pour le traitement des épreuves. A penser, protéger toutes les surfaces par du papier journal ou un carton, au risque dans le temps de voir le bleu, le marron ou le noir envahir l'atelier ! Quant à l'insolation, nous la ferons au soleil dans le jardin ou sur le rebord d'une fenêtre ou sous un banc UV. Le tirage solaire fonctionne bien par beau temps entre avril et septembre. Pour se libérer des contraintes climatiques, nous pouvons acquérir un banc UV . Il existe bon nombre de modèles aux prix très variables. Néanmoins, en bricolant un peu, nous pouvons aussi fabriquer notre propre équipement à l'aide de kit UV. Les bancs UV professionnels usent d'une aspiration afin de créer le parfait contact entre le négatif et le support.
Utiliser/Créer un négatif Le tirage contact exige l'usage d'un négatif aux dimensions du tirage souhaité. Deux solutions s'offrent à nous : soit exploiter des négatifs existants, soit en créer. Dans le premier cas, nous pouvons exploiter les négatifs NB de la collection familiale avec quelques réserves ! Car si la cyanotypie et les procédés PND sont des procédés simples, ils exigent des négatifs un plus contrastés que la normale. Avec un peu d'expérience, il s'avèrera facile de juger si un négatif argentique est tirable ou non. Cependant, si nous souhaitons tirer une plaque peu adaptée, pas de découragement ! A nous de recréer le négatif ! Aujourd'hui, rien de plus simple avec le numérique. Il suffit alors de scanner ledit négatif, de le post-traiter et l'imprimer sur un transparent dans les dimensions désirées. Evidemment, nous pouvons faire cela d'après un scan, mais aussi d'un fichier d'appareil photo numérique, ou même d'un smartphone, pour lequel nous aurons désaturé et inversé les valeurs avant d'imprimer. Pour plus de réussite je conseille de calibrer le fichier négatif par rapport à son imprimante et à son papier. Pour cela, il suffit de créer une petite charte de gris (négatif) avec différentes valeurs, de l'imprimer et de la tirer sur son papier cyanotype. Il suffit alors de déterminer les valeurs rendues visibles sur le tirage cyanotype pour adapter ses fichiers négatifs dans la gamme de valeur tirables par le procédé. Ici, le fichier négatif doit être contraint entre les valeurs de 75 à 225 pour tirer profit de toute la dynamique de l'épreuve.
Nous pouvons aussi créer des photogrammes. Ici, l'image négative est troquée par un sujet de fine épaisseur. Ce peut être du papier découpé, une fine dentelle ou encore une feuille d'arbre dont nous souhaitons mettre en évidence le graphisme des nervures.
Choix du support La cyanotypie et les procédés PND autorisent une large gamme de supports. De très nombreux papiers conviennent à la condition qu'ils soient suffisamment solides pour un maniement à l'état mouillé et qu'ils aient un pH neutre pour assurer la parfaite conservation de l'image. Ainsi, les papiers aquarelle de grammage supérieur à 190 g/m2 sont parfaitement appropriés, mais nous pouvons utiliser aussi des papiers plus exotiques tels les papiers de riz, les papyrus... à gros ou à grains fins selon nos préférences ! Et/ou pourquoi pas d'autres supports en carton, bois, vitre ou encore tissu.
Les modes d'insolation Le tirage solaire fonctionne bien que par beau temps et plus particulièrement durant les journées entre avril et septembre. Ainsi, pour se libérer de ces contraintes, nous pouvons acquérir un banc UV permettant de faire l'insolation lumineuse. Il existe bon nombre de modèles aux prix très variables. Néanmoins, en bricolant un peu, nous pouvons aussi fabriquer notre propre équipement à l'aide de kit UV. Les bancs UV professionnels usent d'une aspiration afin de créer le contact entre le négatif et le papier.
Tirage cyanotype/Van Dyke pas à pas Le tirage sur papier à noircissement direct présente différentes opérations à savoir ; l'étendage de la solution photosensible, le séchage du support, la mise en châssis du sandwich (support+négatif), l'insolation aux UV, le contrôle de l'exposition, le lavage à l'eau de l'épreuve jusqu'à disparition de la coloration dans les eaux de lavage, le fixage au thiosulfate et un dernier lavage avant le séchage final de l'épreuve par un coin. Voici en image et en vidéo le procédé cyanotype et le procédé Van Dyke.
Pour le procédé cyanotype, durant l'insolation la coloration du cyanotype évolue du jaune au gris en passant par le bleu. Sous certaine conditions, notamment d'humidité, nous pouvons apercevoir des colorations brunes aux fortes expositions. Dans tous les cas et quelque soient les couleurs du support après exposition, après lavage à l'eau et oxydation, l'épreuve est d'un bleu intense.
Sécurité L'usage de substances chimiques amène spontanément l'utilisateur à user des bonnes pratiques. A commencer par le port des équipements de protection individuelles à savoir la blouse, les lunettes de protection et des gants lors de la préparation des solutions et des épreuves ainsi que leur traitement. Au-delà de la manipulation, l'artiste doit aussi s'acquitter du bon stockage de ses matières. Cette chimie doit prendre place dans un lieu hors de portée des enfants et des courants d'air, dans un rangement réservé à cet effet où chaque flacon est soigneusement étiqueté en renseignant la nature de la substance/préparation accompagnée de la date d'ouverture ou de préparation. Ces informations permettent dans bien des cas de comprendre certains échecs et ces notions sécuritaires d'assurer la qualité des réalisations.
------------------------------------------ Photo de stage © Sandrine Bacot Texte et photographies : © Vincent Martin (photomavi.com)
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